300 exposants à VinEquip - Des nouveautés et des améliorations pour la filière

Le 29/03/2024 à 9:37

Répartis dans trois halls et à l’extérieur, les 300 exposants de VinEquip, dont une soixantaine de nouveaux, présentent leurs innovations, et ce, de la vigne jusqu’à la mise en bouteille. Vitisbio en relève quelques-unes : agrafes en bois, application pour la prospection, OAD, tondeuse intercep sur chenillard, analyseur de vin, densimètre et bonde connectée.

Des agrafes 100 % bois

Jean-Claude et Justine Duval de Agrafes viti 4.0 présentent leur innovation : l’agrafe AV4, une agrafe à vigne composée uniquement de bois, à base de trois essences : châtaignier, sapin et bouleau. « Lorsque j’étais prestataire viticole dans le Chablisien, beaucoup de vignerons me demandaient autre chose que des agrafes en plastique », raconte Jean-Claude Duval. Après plusieurs années de recherche, ce dernier se lance, avec un ami ingénieur. Des phases de test sont menées en 2023, et la commercialisation est prévue pour 2024. « Nous avons été aidés par l’Ademe et la région Bourgogne Franche-Comté. L’Ademe a évalué que notre agrafe était celle avec le plus faible impact carbone comparée aux autres agrafes en acier, plastique ou amidon. »

Zéro déchet

À partir de résidus forestiers français, une usine fabrique des plaques de fibres de bois. Ces dernières ne contiennent aucune colle, le liant entre les éléments étant la sève naturelle. « Nous avons fabriqué une machine qui coupe les plaques de bois en agrafes, avec un système de puzzle : chaque agrafe peut s’attacher à une autre. Ainsi, nous n’avons aucun déchet de notre matériau. » Cette modalité d’emboîtement procure à l’agrafe une petite poignée, jugée très ergonomique par les utilisateurs pour positionner l’agrafe sur les fils, et aidant à réduire le temps de pose. Après les pluies d’octobre-novembre, et via le grossissement des sarments, les agrafes qui se sont successivement gonflées et rétractées, finissent par tomber toutes seules, où elles se composteront sur le sol. Elles restent néanmoins en place, même après passage de la machine à vendanger. « Le reste est enlevé facilement en tirant sur les fils. On estime 17 à 20 % de temps gagné au dépalissage. » Plus chères que le plastique, mais moins que l’acier, les agrafes reviennent à environ 60 €/ha.

Justine et Jean-Claude Duval conditionnent les agrafes exclusivement dans du carton, et bannissent le plastique dans les emballages. (© F. Rose)

Une application mobile pour les prospections

« Vinivox est une application qui accompagne le vigneron dans ses prospections de parcelles, décrivent Simon Thenoz et Manuel Briand, co-fondateurs de Vinivox. Elle fonctionne comme un compteur, et évite de marcher avec un carnet et un crayon. » Après avoir nommé sa parcelle, et définit son cépage, le producteur note, au fur et à mesure qu’il avance, un commentaire sur le cep qui est à sa hauteur. Il peut ainsi, compter les pieds atteints de jaunisse (flavescence dorée ou bois noir), les fils cassés, les pieds indemnes, abîmés ou morts, les jeunes plants, les absents. « Nous travaillons sur l’application pour que les vignerons puissent intégrer d’autres critères. » L’outil fonctionne sans qu’il y ait besoin d’une connexion réseau. Les pieds sont géolocalisés et l’application offre ensuite une cartographie – via le logiciel Cartovia – mais aussi tableaux et graphiques, synthétisant toute la prospection. Grâce à Cartovia, le vigneron peut suivre l’évolution de ses parcelles dans le temps. « Nous sommes en relation avec la Fredon Bourgogne Franche-Comté et nous envisageons de réaliser avec eux des prospections à grande échelle pour la campagne 2024. » L’application, déjà disponible pour Android et IOS, coute 300 €/an et est utilisable en français et anglais, bientôt en italien et espagnol. « Nous envisageons de la faire évoluer tous les ans. »

Simon Thenoz et Manuel Briand, co-fondateurs de Vinivox. (© F. Rose)

OAD complet

Pour leur première venue à VinEquip, Philippe Depre, responsable commercial, et Louis Bouchet, chargé de déploiement cultures pérennes chez ITK, mettent en avant Vintel, un outil d’aide à la décision, se voulant le plus complet possible pour le pilotage de la vigne. « L’outil modélise en temps réel les interactions sol-vigne-atmosphère pour quantifier le stress hydrique, les risques maladies, les besoins en azote et les risques de gel. » Fonctionnant sans capteurs, l’outil croise de nombreuses données. « L’OAD est connectable à l’ensemble des stations météo disponibles sur le marché. Nous suivons dans ce cas, la température, la pluviométrie, l’hygrométrie, la vitesse du vent et la radiation solaire. Le vigneron peut aussi utiliser le modèle Arome de Météo France. » Le suivi du stress hydrique s’effectue via une modélisation du potentiel hydrique foliaire de base de la plante. Outre l’ajustement de l’irrigation s’il y en a (apport des bonnes quantités au bon moment), Vintel aide dans ce cas à anticiper la gestion de son enherbement, pour une destruction à temps. Cela donne aussi des indications sur la nécessité d’apporter ou non un biostimulant par exemple.

Maladies, azote et gel

Concernant les risques maladies mildiou-oïdium, l’OAD suit le développement des champignons et évalue les contaminations primaires, secondaires, les sorties de taches et les repiquages. « En fonction des données parcellaires, d’interventions sur la vigne, des stades phénologiques, du lessivage des produits de contact et des données météo, le modèle alterne sur la pertinence de traiter ou non. Il donne aussi les conditions horaires les plus favorables à venir dans les deux jours suivants, selon le vent, la chaleur, etc. » Vintel simule aussi la minéralisation de l’azote et montre le ratio entre les apports et les consommations de la vigne. Enfin, depuis 2023, l’outil intègre une alerte gel, dépendant du niveau de débourrement. « Vintel évalue les pertes potentielles si aucun moyen de protection n’est mis en place. Il pointe aussi les différentes efficacités de plusieurs techniques de protection : tour anti-gel avec ou sans chauffage, bougies, aspersion. » L’outil fonctionne avec une licence annuelle pour les quatre modules. Le coût varie en fonction du nombre d’hectares, pour aller de 500 à 2 000 €/an.

Philippe Depre et Louis Bouchet d’ITK. (© F. Rose)

Tondeuse interceps sur chenillard

Le constructeur Guérin Viticulture, principalement présent en Champagne, profite de VinEquip pour exposer sa dernière gamme. En nouveauté, le chenillard transporteur VitiTrans 700, est équipé d’une tondeuse inter-rang (reliée à l’hydraulique du chenillard) dotée de deux tondeuses satellites pour tondre en interceps. « La demande est venue des vignerons n’ayant pas pu rentrer dans leurs parcelles avec leur enjambeur l’année dernière à cause d’un printemps très humide », indique le gérant Sébastien Guérin. Les tondeuses assurent une maîtrise de l’enherbement avant la reprise du travail du sol. « Elles peuvent aussi couper un couvert végétal. » Le chenillard, de 25 cv et de 650 kg de charge utile, est équipé d’un moteur Yanmar diesel et peut fonctionner sur des pentes jusqu’à 47 % et 10-15 % maximum de dévers. Les tondeuses, dotées de lames avec couteaux libres, assurent une coupe entre 60 et 116 cm de large et ont trois hauteurs de coupe : 5, 7,5 et 9 cm. La tondeuse avec ses satellites est vendue à 4 900 €HT et le chenillard à 29 950 €.

Chenillard VitiTrans 700 équipé des tondeuses interceps de Guérin Viticulture. (© F. Rose)

Analyser de nombreux paramètres du vin

Foss présente le WineScan 3, une version plus grande de leur premier analyseur. Outre plus de 30 paramètres clés de contrôle qualité du vin – dont densité, alcool, pH, acide lactique, acide malique, acidité totale, CO2 , astringence des tanins – la nouvelle version peut dorénavant mesurer le SO2 libre et total. Et ce, sur moût, moût en fermentation ou vin fini. Un système avec de l’eau déminéralisée assure la mise à zéro de l’appareil pour son autostandardisation. Une option avec passeur d’échantillon est possible et la vitesse de l’appareil est de 130 échantillons à l’heure. Les résultats arrivent en 30 secondes, et en 2 minutes s’il y a un calcul du SO2 . Le prix de l’appareil est autour de 100 000 euros.

Le WineScan 3 de Foss. (© F. Rose)

Densimètre et bondes connectés

Onafis profite de VinEquip pour remettre en avant Densios, son densimètre connecté, adaptable à tout type de contenant. « Nous avions la version s’intégrant dans une cloche attachée à une perche inox. Depuis 2023, nous proposons un autre modèle doté d’un flotteur, pouvant se jeter directement dans la cuve, uniquement pour les blancs et les rosés », explique Alexandre Ermenault fondateur d’Onafis. Grâce à un suivi de la densité et de la température heure par heure, le vigneron gagne du temps et du confort de travail sur ses relevés de fermentation alcoolique. « Les mesures, sans aucun prélèvement, sont plus fiables que les manuelles, et toutes les saisies sont directement envoyées sous forme de tracé de courbes de cinétiques. Des alertes, sur des FA languissantes, peuvent être envoyées par SMS. » Le prix du densimètre est de 349 €. En outre, la société expose B-Evolution, une bonde intelligente, qui grâce à une alliance de mesures physiques et un capteur de luminescence, alerte sur la prolifération de brettanomyces et la dérive d’acidité volatile. « Outre ce risque microbiologique, la bonde mesure l’hygrométrie, la pression atmosphérique, les températures internes et externes – aidant à piloter la climatisation du chai –, l’identification des microclimats, l’oxygène dissous, et sur certains contenants, l’oxygène gazeux et le niveau du contenant. » Le prix de la bonde est de 599 €, auquel il faut rajouter une licence de maintenance annuelle de 299 € pour 15 unités d’objets.

Alexandre Ermenault fondateur d’Onafis présente Densios et B-Evolution. (© F. Rose)

 

Frédérique Rose