À l’arrivée du printemps, les travaux ne manquent pas au domaine de Roquenégade, avec entre autres, épamprage, relevage, ébourgeonnage, mais aussi le suivi des diverses plantations et du troupeau de brebis. L’objectif : savoir prioriser pour rester efficace.
Cibler pour ne pas se faire dépasser
Cette année, c'est le 23 mars que notre merlot, le cépage le plus précoce du domaine, a commencé à débourrer. Respectivement une semaine et dix jours plus tôt qu’en 2022 et 2021. Mais comme nous avons appris de nos erreurs faites les deux premières années, nous sommes prêts. Parés pour ébourgeonner, épamprer, anticiper les différentes tâches que va nous soumettre la vigne. Ça, c'est la vision idyllique que nous avions imaginée cet hiver. Mais au 23 mars, il nous reste deux hectares de plantiers à tailler ainsi que deux autres de cabernet sauvignon et un de mourvèdre. Ça aurait été pourtant bien d'avoir le temps de bien préparer la saison. Mais à deux et avec toutes les activités que nous lançons, nous nous faisons vite rattraper par le temps. Alors une nouvelle fois le but va être de cibler les actions les plus essentielles pour ne pas trop se faire devancer par la vigne.
Le printemps, synonyme de grande activité au vignoble.
Épamprage
Dans notre organisation, nous essayons de hiérarchiser nos tâches pour être le plus efficace. Premièrement, nous commençons par quelques réparations de palissage que les sécateurs auraient pu chatouiller durant la taille. Ensuite, il y a le travail sur la gestion de l'herbe comme nous avons pu le décrire dans l'épisode 2. À partir du premier passage d'intercep, nous commençons à travailler la vigne d'un peu plus près. La première action est l’épamprage, notamment du merlot. Nous avons un merlot de 45 ans qui n'a pas connu que la taille douce. Ses flux de sève ayant été contraints par des plaies de taille trop sévères, il pampre énormément. Si on voulait le contenir, il nous faudrait passer 5 à 6 fois dans la saison pour le gérer correctement. On se limite à 2 à 3 passages ce qui sur 1,3 hectare prend un peu de temps. Heureusement, les autres cépages n'ont pas cette contrainte et un passage courant mai nous suffit pour maintenir nos pieds propres.
Des grappes aérées, notamment grâce au développement des bourgeons apicaux.
Relevage et rognage ciblé
Ensuite, nous nous attelons au relevage des parcelles. Entre les vignes au port érigé et les palissages défaillants, nous n'avons que les syrahs et les roussannes à relever. Pour le reste des parcelles, nous tressons grossièrement les rameaux et seuls les passages pour les traitements - soit tous les trois rangs - sont rognés une à deux fois dans la saison. Il nous faut une dizaine d'heures à deux pour rogner à pied et à la cisaille l'ensemble du parcellaire. Hormis ces rangs, nous avons donc choisi de ne pas rogner ni écimer nos vignes. Cela favorise le développement des bourgeons apicaux à défaut des entrecœurs. La vigne est donc moins épaisse et les grappes plus aérées. Nous réalisons aussi une économie puisque pour rogner tout le domaine, il nous faudrait faire appel à un prestataire qui nous facturerait environ 700 € par passage.
Seuls les rangs où passe le tracteur pour les traitements sont rognés.
Ébourgeonnage du mourvèdre
Parallèlement à ces travaux, nous essayons d’ébourgeonner de façon ciblée les quelques vignes en souffrance. Dans le mourvèdre par exemple, tout un secteur manque de vigueur. Donc en plus d'une taille sévère en hiver, nous nous appliquons à ébourgeonner cette zone pour essayer de renforcer la vigne. Idéalement, nous aimerions le faire sur l'ensemble de la propriété pour concentrer les flux de sève, pour gagner du temps à la taille, etc. Mais pour cela il nous faut du temps, et à cette période de l'année la charge de travail est assez conséquente.