Alors que les travaux de taille de la vigne ont débuté, Pierre-Henri Cosyns partage ici son expérience sur la main-d’œuvre en viticulture : comment réussir à fidéliser ses salariés et leur offrir des conditions de travail satisfaisantes ?
LA TAILLE, MOMENT CLÉ
En ce moment nous engageons les travaux de taille de la vigne. Beaucoup pensent que c’est un travail simple et répétitif, pourtant il demande une réelle expérience, de la ténacité et une véritable technicité. Chaque pied de vigne a sa singularité et met en jeu la réflexion du tailleur. Les actions de l'année passée conditionnent aussi les gestes du tailleur. Cela peut paraître dur, ingrat et fastidieux. Pourtant le tailleur y trouve une réelle satisfaction. À la façon d’un maître bonsaï, il actionne son sécateur sur son œuvre de l’an passé. Notre équipe est très attentionnée sur cette tâche qui conditionne la pérennité du vignoble et l’efficience du futur millésime. Nous définissons ensemble, l'ordre des parcelles à tailler, le type de taille (guyot double), les sensibilités (cryptogamique et gel). Comme l’année dernière, nous accueillons une formation taille sur l’exploitation. Six personnes qui seront amenées à travailler pour le groupement d’employeurs départemental ainsi qu’un formateur. Nous échangeons également avec eux pour leur transmettre ce savoir-faire qui est passionnant.
MOTIVER !
La main-d’œuvre est assez difficile à fidéliser en agriculture. Travailler dehors, au grand air c’est aussi travailler dans toutes les conditions saisonnières et climatiques. La viticulture bio a besoin de main-d’œuvre de qualité. Et il est selon moi important que le bien-être soit intégré dans nos productions qui se veulent durables. Pas besoin de joli label sur la responsabilité de l’entreprise, des ISO-XXXX, mais juste un minimum de cohérence. Il y a quelques années, je me suis questionné sur la façon de motiver et de fidéliser les troupes. La conclusion générale est qu’il faut se remettre en cause quotidiennement concernant son management. J’ai retenu trois cibles à atteindre que j’essaie de garder en tête : bien valoriser le travail, avoir un management congruent et empathique, veiller à proposer une évolution. Rien d’exhaustif et chacun peut avoir ses propres cibles… Pour ma part ça marche alors je croise les doigts pour que ça dure.
MENER AU BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL
Contrairement à ce qu’on pense, si le salaire a son importance, ce n’est pas le critère premier du bien-être au travail. Il faut cependant bien veiller à la cohérence de celui-ci en fonction du profil, de l’ancienneté, et de la hiérarchie dans l’exploitation. Avoir un management actuel est important. Pour mener au bien-être au travail, il serait orienté sur la reconnaissance donnée au travailleur, l’ambiance de travail et les conditions de l’entreprise. La MSA propose depuis peu des formations axées management. En ce qui me concerne, je n’hésite pas à échanger dès que possible avec mes collaborateurs. J’ai moi-même été salarié viticole. Quoi de plus dommage, que d’avoir un unique geste de la main lointain en guise de salut le matin. Il faut aller à la rencontre de ses collaborateurs, profiter de ce moment pour échanger sur les besoins ou problèmes d’actualité. J’essaie de proposer un minimum de confort : le midi, le repas est collégial et au chaud. Il faut être strict et souple à la fois sur les imprévus : un retard ou une demande exceptionnelle d’absence ça peut arriver. Parfois on peut aussi partager un café pour en discuter. Tant que cela n’est pas redondant et de manière à perturber l’avancement des travaux, soyons compréhensifs.
SANS OUBLIER LA CONVIVIALITÉ
Les temps changent et les priorités de chacun sont différentes. Les générations X, Y, Z vont bien bousculer les codes du management patriarcal. Je prends le temps pour des moments de convivialité, avant les vacances, après les vendanges, avant les fêtes. C’est très apprécié. Lors de ces occasions, on parle un peu boulot mais pas que. Tout cela paraît évident mais on passe trop souvent à côté de ces gestes qui fédèrent. Étant tout le temps en mouvement, j’essaie de me poser parfois pour soigner ces aspects et d’innover à mon niveau. Il n’y a pas trop de règles à part le sourire. Débuter une journée de taille avec de grands sourires, des petites blagues… ça réchauffe !
Pierre-Henri Cosyns
© Pierre-Henri Cosyns
LE PARTAGE DE PIERRE-HENRI :
Du vin pour Noël pour nos salariés !
Pensons aussi au petit cadeau de fin d’année pour nos salariés, il n’est pas trop tard : quelques bouteilles de vins du domaine. On est tous fiers d’apporter une bouteille au repas de Noël comme un cadeau « fait maison » !