Allons explorer un peu plus l’engagement agro-environnemental de l’AOP Faugères : des nouvelles mesures au cahier des charges, un partenariat avec le syndicat mixte pour la qualité de l’eau… Occasion aussi d’annoncer la nomination de Nathalie Caumette, présidente de l’AOP, comme présidente de la commission vin bio de l’Inao.
À Faugères, les vignes sont implantées en haut et bas de coteaux. Les pentes sont occupées par le maquis, la forêt méditerranéenne, qui a ses essences propres (chênes verts, salsepareille, cistes, cades, arbousier, etc.) soit un tiers du territoire de l’appellation. Certaines parcelles implantées quand même dans les pentes ont été construites en terrasses. La position en talus a façonné des parcelles sur des plans différents, laissant dans beaucoup de cas des haies naturelles (buplèvre, arbustes, thym, romarins…) qui s’intercalent entre les parcelles, et qui maintiennent des conditions idéales pour la biodiversité. Les sols de l’AOP Faugères sont constitués à 100 % de schistes, c’est un terroir unique, et fragile. La prise de conscience précoce de la fragilité de ce terroir a poussé très tôt les vignerons à adapter leurs pratiques viticoles et à adopter des pratiques agro-environnementales vertueuses. C’est notamment cette volonté affichée d’aller plus loin qui a motivé mon installation.
UNE SYNERGIE EFFICACE
Dès 2008, les vignerons de l’AOP Faugères entament des démarches auprès de l'Inao pour faire inscrire des mesures agro-environnementales à leur cahier des charges. Ainsi dès 2011, le désherbage chimique est interdit sur l’ensemble des inter-rangs, l’enherbement des tournières est obligatoire et les apports en azote minéral sont limités. En 2022, 75 % des entreprises viticoles du Faugérois sont engagées en bio, soit la moitié des 1 780 hectares. Et 83 % des domaines ont au moins un engagement agro-environnemental allant au-delà du cahier des charges de l’appellation (label AB, biodynamie, HVE, Terra Viti, Neutre Carbone, confusion sexuelle, MAEC, enherbement). L’appellation vise à terme l’abandon des herbicides et insecticides.
UN PARTENARIAT RICHE AVEC LE SYNDICAT MIXTE
Nous avons aussi la chance d’avoir tissé des liens très constructifs avec le Syndicat mixte de la Vallée d’Orb et du Libron (SMVOL). Des actions sur la qualité de l’eau sont engagées dès 2007, avec trois secteurs prioritaires pesticides au niveau de zone de captages. Des rencontres s’établissent entre vignerons et le Syndicat et petit à petit des actions concrètes s’établissent, et ce, notamment grâce au soutien de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse : mesures agro-environnementales, mise en place d’aires de lavage et de remplissage, aide aux investissements matériels dans les fermes, formations, accompagnement à la conversion bio, création d’un GIEE pour l’enherbement dans les vignes. Et les résultats sont là ! La qualité de l’eau est largement améliorée. Yannis Gilbert, salarié du Syndicat mixte, y est pour beaucoup. Homme de terrain, il est très proche des vignerons. Il n’hésite pas à se rendre chez eux, pour discuter sur leurs pratiques, pour les aider à monter leur dossier de demande de subventions. Il est notamment aussi à l’origine de la mise en relation entre un berger transhumant et les vignerons de l’appellation pour le pâturage des vignes en hiver par les brebis, mais aussi, les tournières, les friches... Le travail de représentation de Yannis auprès d’instances nationales permet aussi de faire remonter les contraintes des agriculteurs et de défendre ce parti pris de l’agroécologie.
À relire : Article Vitisbio : « Oser l’herbe ! Reportage chez Christian Vigne, à Massillargues-Atuech, travaillant avec un berger pâturant les vignes bio du village. »
Les brebis en pâture au domaine de Cébène. La sécheresse hivernale de 2021-2022, empêchant la pousse de l'herbe, n'a malheureusement pas permis de les accueillir cette fois-ci. Brigitte Chevalier
© B.Chevalier
LE PARTAGE DE BRIGITTE :
Pas de désherbage sur le rang sur certaines parcelles.
Les pluies très rapprochées du mois de mars ont fait un apport d’eau sur une courte période. Ce dernier va alimenter les réservoirs souterrains, spécificité de nos schistes. L’eau disponible sur les horizons superficiels reste très limitée compte tenu du faible taux d’argile. Les annuelles se dessèchent très rapidement cette année. Ainsi les graines des plantes annuelles pourront être préservées et assurer un couvert l’année prochaine. (Et c’est tant mieux aussi pour les oiseaux et la diversité). Nous espérons que la croissance des plantes estivales sera inhibée par ce couvert végétal, présent là où la densité des graminées est correcte.