Parcours en muscadet – épisode 3 : affiner le choix du matériel

Le 29/07/2020 à 17:26

JOURNAL DE BORD D'UN VIGNERON

Vitisbio suit un vigneron pendant une année. Chaque quinzaine, nous découvrons son actualité, ses enjeux techniques, ses difficultés et ses réussites !

Épisode 3 :

Robin Euvrard, installé dans le Muscadet, relate cette fois ses choix d’équipement pour le travail du sol, mais aussi comment il accompagne peu à peu vers la bio, des vignes traitées en conventionnel. Le jeune viticulteur raconte aussi ce qu’il se passe cette semaine pour lui à la vigne.

 

Comment vous êtes-vous équipé ?

Pour démarrer, j’ai fait le choix de ne pas travailler à l’enjambeur mais de m’orienter vers un micro-tracteur. Il présentait l’intérêt d’être polyvalent et léger, avec la possibilité d’y adapter une large gamme d’outils. La question du pulvérisateur étant réglée (confiée à un voisin), il restait à m’équiper pour gérer l’herbe. Pour travailler le sol dans l’inter-rang, j’ai d’abord récupéré des disques orientables, ainsi qu’un broyeur. La question du travail sous le rang a fait l’objet de nombreuses spéculations. La topographie du lieu m’a poussé à réfléchir à plusieurs options, la parcelle n’étant pas plate avec des pentes variables, et des dévers irréguliers sur les 82 rangs qui composent l’hectare de muscadet. Sur ces vignes âgées (35 ans ? 40 ans ?), je ne voulais pas non plus partir sur un travail trop profond, au risque d’abîmer les racines souvent superficielles.

 

Robin Euvrard fait le choix d’un micro-tracteur, polyvalent et léger, avec la possibilité d’y adapter une large gamme d’outils. (©Euvrard R.)

 

Qu’avez-vous choisi finalement ?

J’ai regardé du côté des lames inter-cep, disques émotteurs ou étoiles type Kress. J’ai finalement opté pour une paire de décavaillonneuses d’occasion. Adaptées sur un châssis sur-mesure et tenues peu profondes, j’ai pu ainsi déchausser les ceps, préalablement buttés avant l’hiver. Le résultat était satisfaisant, mais en voulant repasser ensuite dans les rangs pour remettre le terrain à plat, le tracteur glissait sur la butte formée et était incapable de tenir sa route. Je ne m’étais pas attendu à ce cas de figure… Manque de puissance, sans doute, mais aussi manque de poids sur l’avant et d’adhérence au niveau pneumatique (en roues étroites). Heureusement, un passage de disques en enjambeur par le voisin Pierre-Marie a permis de rétablir la situation. L’apprentissage passe toujours par des étapes loupées qui incitent à réfléchir pour équiper le tracteur de roues plus larges, et augmenter la charge sur l’avant. Commencer sur une petite surface me donne l’opportunité du travail manuel pour rattraper les retards et petites erreurs, ou tout simplement d’opérer des passages plus sélectifs. Les outils sont alors plus simples, et peu onéreux : débroussailleuse à dos, pioche, cisaille, etc.

 

Pour cette première saison, comment s’est déroulée la gestion de l’herbe ?

Les parcelles que j’ai récupérées étaient probablement désherbées chimiquement, sans trace de travail du sol. Ayant déjà vécu cette situation dans d’autres domaines, je m’attendais à passer une année plutôt « calme » en désherbage. Ce fut le cas, avec un développement de plantes spontanées plutôt mesuré, assez facilement maîtrisé. Avec une petite surface, j’ai pu prendre le temps de passer souvent dans la parcelle, d’en observer l’évolution, de guetter les levées de plantes – des zones avec du liseron, des érigerons, quelques rares chardons, des pissenlits, des véroniques –, et de noter une nette différence entre le haut et le bas de parcelle, dans la vigueur de la vigne tout comme dans la structure du sol.

De même, j’ai voulu « accompagner » la vigne dans cette transition vers une viticulture plus « naturelle », biologique. Ayant un peu de matériel à disposition, j’ai pu apporter plusieurs thés de compost oxygénés tout au long de la croissance de la vigne, avec diverses tisanes ou décoctions de plantes (ortie, prêle, consoude, reine-des-prés, etc.) en fonction des stades et de la météo. Avec, dès le début, le choix d’appliquer les préparats biodynamiques, 500P et 501.

 

Nous sommes fin juillet, où en est la vigne ?

Le gamay a démarré sa véraison. Pour le melon et la folle-blanche, il faudra attendre encore quelques jours. L’été est bien installé avec des journées chaudes, à plus de 30 °C, malgré des nuits encore fraîches. C’est le moment des derniers ajustements à la vigne, avant de filer vers les vendanges. Un coup de tondeuse entre les rangs, un passage de thé de compost, rattacher quelques baguettes échappées du fil au gré du vent ou de la soufflerie du pulvérisateur. C’est également le moment d’équiper le chai. Le pressoir est arrivé et a intégré l’espace. La cuverie devrait suivre très bientôt...

Fin juillet, le gamay a démarré sa véraison. (©Euvrard R.)