Parcours en muscadet – épisode 4 : La préparation des vendanges

Le 10/09/2020 à 17:27

JOURNAL DE BORD D'UN VIGNERON

Vitisbio suit un vigneron pendant une année. Chaque quinzaine, nous découvrons son actualité, ses enjeux techniques, ses difficultés et ses réussites !

Épisode 4 :

Robin Euvrard, installé dans le Muscadet va vendanger pour la première fois sa parcelle. Après les derniers apports à la vigne, il a équipé sa cave. Avant le démarrage des vendanges début septembre, il restait au jeune vigneron à peaufiner les derniers détails, entre pauses café à prévoir pour les vendangeurs et échanges avec des voisins vignerons sur la vinification du melon de Bourgogne.

 

Pour Robin Euvrard, ce sera sa première vinification de melon de Bourgogne. (© R. Euvrard)

 

Comment avez-vous abordé la post-floraison ?

Une fois la floraison terminée, la vigne ralentit sa croissance et transfère progressivement son énergie dans la maturation de ses raisins. C’est le début de l’été, le démarrage d’une nouvelle phase pour le végétal. À partir de là, le travail se réduit mais la surveillance reste de mise. J’évite le travail du sol, je donne seulement quelques coups de cisaille pour pouvoir continuer à circuler dans les rangs, et un petit coup de tondeuse. Les derniers traitements sont réalisés jusqu’au stade « fermeture de la grappe » pour garantir un bon état sanitaire, protéger les raisins et maintenir une surface foliaire maximale pour la suite du cycle. J’en profite également pour apporter quelques thés de compost afin de renforcer la plante. Après cela il ne reste qu’à guetter la véraison, dernière étape avant la grande ligne droite vers les vendanges. Ensuite il n’y aura plus grand-chose d’autre à faire qu’à laisser la vigne suivre son cycle.

 

Comment avez-vous trouvé un chai, et quel matériel de cave avez-vous choisi ?

Après un printemps à accompagner la croissance de la vigne, il était temps désormais de préparer la réception des raisins et la fabrication du vin. La précocité de la floraison et de la véraison laissait imaginer un démarrage à partir du 20 ou 25 août. Alors les vacances ont été écourtées pour être sûr d’être prêt à temps. J’ai la chance d’avoir à disposition un chai sur le site de l’ancienne abbaye Sainte Radegonde, à une dizaine de minutes des vignes. Le chai est parfait pour moi avec une grande hauteur sous plafond, un sol carrelé ce qui assure un nettoyage facile, et des murs en pierre épais. Le lieu a accueilli ses dernières vendanges il y a 6 ou 7 ans et il est totalement vide, hormis quatre cuves enterrées de... 125 hectolitres, largement surdimensionnées pour ma petite surface. À la place, j’erre de longues heures sur les sites de matériel d’occasion pour dénicher un vieux pressoir, de la cuverie d’occasion et tout le nécessaire pour faire du vin. Le jeu est ici de réussir à concilier matériel rêvé et… rationalité économique. J’attendrais un peu pour le pressoir pneumatique et les cuves thermorégulées, et je ferai mon affaire d’un vieux Vaslin récupéré à 20 km d’ici ou d’une batterie de cuves émaillées venues de Champagne. Pour seule petite folie, je commande et reçois une jarre et un œuf en grès, de jolis objets pour les assemblages à venir. Une fois le matériel livré, je peux de nouveau mesurer la chance d’être épaulé par l’équipe technique d’Ecodyn, qui m’apporte un soutien logistique et technique précieux. Un chariot élévateur et des mains expertes sont bien pratiques pour monter le pressoir sur des pieds à 1,50 m du sol. Décidément, cette année de lancement aura été un vrai travail d’équipe !

Le jeune viticulteur s'est notamment équipé d'un Vaslin récupéré à 20 km, d’une batterie de cuves émaillées venues de Champagne, d'une jarre et d'un œuf en grès. (© R. Euvrard)

 

Comment abordez-vous les vendanges en cette première campagne ?

Une fois tous ces travaux terminés, il ne reste plus qu’à surveiller la météo et observer les raisins changer de couleur et de forme, surveiller l’évolution des maturités en goûtant quelques baies, en mesurant taux de sucre et acidités. Je n’ai jamais vinifié de melon de Bourgogne alors je glane quelques informations autour de moi, questionne les voisins sur leurs habitudes, leur expérience. Tous les vignerons attendaient des vendanges précoces… mais la météo a progressivement décalé les prévisions. La chaleur et le temps sec de l’été ont sans aucun doute bloqué les maturités. Les pluies de la fin août (60 mm chez moi) ont permis de relancer la dynamique et le grossissement des baies. Et à mesure que ça avance, il reste les derniers détails à régler. Il y a la logistique à anticiper, en commandant les caisses et en imaginant leurs rotations jusqu’au pressoir. Il y a les listes de copains/familles/curieux à établir, s’assurer de leur disponibilité aux périodes prévues. Penser aux pauses café et aux repas, aux bouteilles à mettre au frais, la somme de détails qui permettront des vendanges agréables et efficaces. On est dans les starting-blocks, il n’y a plus qu’à sortir les épinettes...

 

Robin Euvrard