La Nouvelle-Aquitaine opte pour
la stratégie d'enrayement de la flavescence dorée

Le 11/04/2023 à 12:07

Un forum au coeur de Vinitech-Sifel fait le point : le règlement européen d'exécution 2022/1 630 paru le 21 septembre 2022, complète le RCE 2016/2031 relatif aux mesures de protection contre les organismes nuisibles aux végétaux. Il prévoit la possibilité d'adopter des mesures d'enrayement pour la flavescence dorée, dans les zones délimitées où l'éradication de la maladie est considérée comme impossible (lire Vitisbio 16).

 

Dans ce cas, la surveillance officielle par les services de l'État, n'est plus assurée dans les zones infestées. Elle doit être réalisée par les professionnels. « Les régions françaises doivent donc se positionner sur les zones restant en éradication, ou adoptant des stratégies d'enrayement », rappelle Jacques Grosman, référent national viticulture à la DGAL.

 

Le choix de la Nouvelle-Aquitaine

Lors du Cropsav (conseil régional d'orientation de la politique sanitaire animale et végétale) du 18 novembre 2022, la Nouvelle-Aquitaine a donc retenu la stratégie d'enrayement pour son vignoble. « Rester en stratégie d'éradication, implique une mise en conformité avec la règlementation : que 100 % du vignoble en zone délimitée soit prospecté en cinq ans, décrit Philippe Reulet, de la Draaf Nouvelle-Aquitaine. Or, on en est loin. Sur le Bassin cognaçais, moins de 10 % du vignoble par an est prospecté, et sur le Bassin aquitain, on atteint 25 % en 5 ans. » Le responsable des services de l'État, affirme que sur la région, les professionnels sont déjà bien impliqués et structurés pour la surveillance et que le changement de stratégie ne devrait pas provoquer de grands bouleversements. « Nous resterons bien sûr les interlocuteurs de la profession. Et nous envisageons de créer une section viticole au sein de l'organisme à vocation sanitaire. Et ce, pour avoir un interlocuteur dédié à la vigne. »

 

Redoubler de vigilance sur Popillia japonica

« Il n'y a pas que la flavescence dorée comme organismes de quarantaine, et Popillia japonica est par exemple une vraie menace pour le vignoble, estime Jacques Grosman. C'est aussi un choix budgétaire, car on sait que l'on ne réussira pas à éradiquer la flavescence dorée. » Popillia japonica, le scarabée (ou hanneton) japonais, est classé au niveau européen comme organisme de quarantaine prioritaire. Il se nourrit sur 300 plantes, dont la vigne. Les larves provoquent des dégâts sur les racines et les adultes sur les tissus internervaires des feuilles.

 

Plan d'urgence

L'insecte est déjà installé sur certains secteurs italiens et en Suisse et des signalements ont été donnés à Fribourg en Allemagne, à Bâle en Suisse, à Cuneo en Italie. « De gros foyers sont présents dans le Piémont et le val d'Aoste. Des captures ont été réalisées à 20 km de la frontière française, prévient Jacques Grosman. L'entrée du ravageur et sa dissémination en France sont hautement probables. » Une stratégie d'éradication soumise à détection précoce avec une surveillance dynamique et adaptative est prévue. « La surveillance est renforcée le long de la frontière avec les pays où l'insecte est présent, et à proximité des points d'entrée clés ­ ports, aéroports, réseaux de transport. » Un plan national d'intervention d'urgence sera aussi bientôt publié, et une campagne nationale de sensibilisation est lancée (1).

 

Frédérique Rose

(1) Voir plaquette DGAL/Anses/IFV de juin 2022 : www.vignevin. com/article/scarabee-japonais-une-menace-pour-la-vigne/

 

Article paru dans Vitisbio 18. Janv-Mars 23.