« Nous avons encore beaucoup de lacunes dans notre connaissance de l’insecte », reconnaît Nicolas Constant. Ainsi, difficile encore de savoir réellement quelle est la dynamique d’installation du ravageur en début de saison. Et ce, surtout entre mai et juillet, période où on peine à savoir où se trouvent les populations. « Si le ravageur peut être repéré en avril, on ne le remarque plus jusqu’à ce qu’il y ait une explosion potentielle lors de la fermeture de grappe en juillet, avec une intensification pendant la phase de maturation du raisin et jusqu’aux vendanges. » Les éventuels prédateurs et parasites de l’insecte sont encore également à déterminer. « Et nous devons améliorer nos connaissances sur les facteurs favorables à son développement. » Présence de cochenilles, raisins oïdés, compaction des grappes, sensibilité variétale, sont des hypothèses. Enfin, trouver le positionnement optimal de la protection insecticide est un autre point clé.
Les résultats de l’enquête du projet Cryptovigne montrent qu’en 2023, 57 % de vignerons du pourtour méditerranéen interrogés ne sont pas satisfaits du niveau d’efficacité de la lutte contre le ravageur. « Et ce chiffre passe à 65 % en 2024 » , rajoute Nicolas Constant. Les vignerons s’interrogent sur les indicateurs à utiliser pour déclencher les traitements au bon moment : le plus souvent cela s’effectue grâce au piégeage des adultes, avec des traitements déclenchés vers fin juin-début juillet, ou plus tard, lorsqu’un pic de vol d’adultes est observé. Ces observations sont parfois couplées au stade phénologique de fermeture de la grappe. « Mais est-ce la meilleure stratégie ? Les vignerons se demandent aussi si le volume de bouillie influence l’efficacité des insecticides. » Combien de traitements réaliser et quelle combinaison de solutions adopter – confusion sexuelle, lutte biologique et lutte insecticide –, sont d’autres questions. De quoi s’occuper donc.
Frédérique Rose
Cycle de Cryptoblabes gnidiella
Œufs de 0,7 x 0,4 mm, pondus sur les rafles et les pédoncules, très difficiles à voir.
Cinq stades larvaires de 1 à 12 mm. L’apparition de deux bandes brunes sur les stades larvaires âgés est caractéristique.
Chrysalide de 7-8 mm.
Adultes : 11-12 mm avec tête et thorax brun-grisâtres et l’abdomen brillant, blanc grisâtre. Les ailes antérieures sont brun grisâtre et les postérieures blanc brillant, veinées de tâches brun grisâtre.
L’insecte n’effectue pas de diapause et passe l’hiver dans les grappes à différents stades (larves et chrysalides).
La durée du cycle est de 5 semaines à 5 mois selon les températures.
Quatre périodes de vol, dont les deux principaux sont en fin de saison.