Réunis en séminaire et assemblée générale les 19 et 20 novembre derniers, les membres de France Vin Bio élisent comme président Sébastien David, vigneron à Saint-Nicolas-de-Bourgueil et co-président de Loire Vin Bio. Les priorités pour l’association sont réaffirmées : entre autres, la défense du cuivre, la communication sur les vins bio et le partenariat avec les interprofessions régionales.
Vitisbio : Quels sont les axes de travail prioritaires pour France Vin Bio ?
Sébastien David : Notre séminaire entre membres de l’association a été primordial pour notre dynamique collective et pour se refixer les objectifs de travail de l’association. Nous avons ainsi acté trois commissions : une liée aux sujets techniques – cuivre, flavescence dorée et plants bio –, une autre plus économique et enfin une commission sur la communication.
Comment France Vin Bio porte le dossier cuivre ?
Déjà, en étant présent le 5 décembre à Bruxelles, lors de la journée organisée par le réseau Coppereplace à destination des députés européens et des services de la Commission européenne : faire le point sur l’état d’avancée des recherches, aborder la règlementation, montrer les efforts de réduction d’utilisation de la molécule. Et globalement, nous militerons pour la reconduction du cuivre et pour que les AMM garantissent le lissage. Même si nous savons que nous avons certainement besoin de changer notre utilisation des différentes formules, pour gagner en efficacité. En outre, nous avons fait une demande pour prendre un poste en 2025 à l’Ifoam, afin de pouvoir participer aux enjeux stratégiques européens et mondiaux sur le bio.
Le sujet des phosphonates est à nouveau évoqué ?
En effet, et notre venue à Bruxelles sera aussi l’occasion d’affirmer notre position sur ce point. Les Allemands viennent de redéposer une demande d’autorisation de ces produits en bio. En France, on commence aussi à entendre qu’il serait bien de pouvoir les utiliser en bio. Nous sommes contre, et nous voulons profiter de cette occasion pour rencontrer l’ensemble des décideurs, mais aussi nos homologues allemands pour échanger et expliquer notre position. Cela reste un produit de synthèse, et surtout, efficace que sur feuilles et pas sur grappes. Ce ne sont pas les phosphonates qui vont nous sauver du mildiou ! Je pense qu’il y a beaucoup de croyances autour de ces spécialités.
Et concernant les plants bio ?
Le dossier avance, mais la France doit continuer de s’emparer du sujet pour être prête en 2035. Aujourd’hui si l’on veut des plants bio de sauvignon blanc, l’Italie reste le principal fournisseur. Même si cela est envisagé dans le cahier des charges en cours, garantir le traitement à l’eau chaude des plants est une nécessité. Il pourrait être intéressant de s’inspirer d’une initiative réalisée notamment en Val de Loire et existante aussi dans d’autres régions, où les machines de traitement à l’eau chaude sont financées à hauteur de 40% par les régions, et le reste payé par les pépiniéristes qui se partagent l’usage de ce matériel.
La communication sur les vins bio se poursuit ?
Lors de notre séminaire, nous avons échangé avec Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio. Nous sommes en partenariat depuis l’année dernière avec la campagne #Bio Reflexe. En 2025, la filière vin bio va bénéficier d’une partie des 10 millions d’euros de budget de communication de l’Agence. La campagne sera lancée lors du Salon de l’agriculture à Paris, qui commence le 22 février 2025. Les formats seront de l’affichage presse, des spots radio et un peu de spots télévision.
Concernant la partie économique, quelles sont vos actions ?
Depuis 2022, Loire Vin Bio travaille avec Interloire, l’interprofession des vins de Loire, pour acquérir des données liées à l’offre et la demande des vins bio de Loire. Ces informations sont primordiales pour vignerons et metteurs en marché, afin d’adapter leurs stratégies commerciales. Il résulte du partenariat des documents extrêmement fournis, sur les tendances de consommation et les profils des acheteurs, le marché en fonction des couleurs des vins, les tendances en fonction des différents circuits de distribution. L’idée, avec France Vin Bio est d’essayer de réaliser le même travail dans les autres régions viticoles.
Où en est l’intégration des autres bassins viticoles dans l’association ?
Notre objectif de l’année est de réussir à fédérer et accueillir la Bourgogne-France-Comté, l’Alsace, le Jura ainsi que la Savoie au sein de France Vin Bio. C’est un travail que nous entamons depuis plusieurs années déjà. Si les associations techniques bio existent et sont actives, les interprofessions, généralistes sont déjà très fortes et peuvent inclure la partie bio. Mais nous continuons les prises de contact. Il est vraiment important pour France Vin Bio de représenter l’ensemble des territoires viticoles bio.
Quel est le moral de la filière vin bio ?
On ne va pas dire que tout va bien dans le meilleur des mondes lorsque l’on voit des hectares qui s’arrachent ! Certains ont le moral en berne, et beaucoup se bougent pour s’en sortir ! Il y a un vrai problème de consommation, avec un panier moyen d’achat qui diminue pour l’alimentaire, au profit parfois des loisirs. Notre rôle est aussi de rappeler la garantie de la certification bio ! Ce n’est pas juste un label, mais une démarche unique, issu d’un règlement européen, contrôlée tous les ans par des entreprises agréées par l’État ! C’est une vraie force !
Propos recueillis par Frédérique Rose
France Vin Bio
L’association nationale interprofessionnelle des vins bio a pour adhérents Loire Vin Bio, l’Association des Champagnes biologiques (ACB), Sudvinbio, Interbio Nouvelle-Aquitaine, Vignerons bio Nouvelle-Aquitaine et Sud-Est Vin Bio.
Les membres du bureau sont :
Président : Sébastien David – Loire Vin Bio
Vice-Président : Nicolas Richarme– Sudvinbio
Trésorier : Pierre-Henri Cosyns – Vignerons bio Nouvelle-Aquitaine
Secrétaire : Pascal Doquet - Association des Champagnes biologiques (ACB)
En savoir + : francevinbio.com