[Édito par Vitisbio - n°25 – novembre-decembre 2024].
Octobre, moment clé de la vie vigneronne. Le premier bilan de cette nouvelle campagne est complexe. Les cieux se sont déchaînés, les pluies ayant frappé lourdement les vignes dans la majorité des régions. Les dégâts sont hétérogènes et parfois très douloureux. La lutte contre le mildiou a été intense, et ce, au prix de nombreux passages pour les traitements. Avec plus ou moins de récompenses à la clé. Et si la technique était hautement primordiale, même les plus aguerris ont pu se retrouver dans des impasses.
Alors on entend que le discours du bio est mort… Qu’un vigneron bio ne peut pas justifier auprès du consommateur l’utilisation d’autant de GNR. Pardon ? Va-t-on bientôt accuser la viticulture bio d’être responsable du changement climatique ? Évidemment, aucune vigneronne ni aucun vigneron ne sort son pulvé par plaisir, et tous sont conscients de leur perfectibilité. Mais il ne s’agit pas ici de détailler, une fois de plus, que le bilan carbone d’un domaine ne se limite pas à sa consommation de carburant !
Bien sûr que le discours du bio est bien vivant ! L’Itab nous l’a rappelé début juin avec tous ces résultats d’études fouillées sur les externalités positives de la bio. On ne peut plus remettre en cause ces bienfaits ! Mais cela n’empêche pas la souffrance dans la filière. Le cumul des crises climatique et économique en décourage plus d’un. Beaucoup s’interrogent sur leurs pratiques : comment tenir le coup lorsque la météo est contre soi ? Et tellement différente d’une année à l’autre. Mais les doutes reposent aussi sur l’avenir du métier, du parcellaire, de l’engagement…
La mobilisation ne doit pas fléchir. À nous, professionnels et consommateurs de continuer à convaincre ceux qui nous entourent que : oui, le vin bio c’est bon ; oui, ça peut se garder longtemps selon les cuvées ; oui, on trouve des pépites à des prix abordables ! Et en plus, cela protège la planète et ceux qui vivent dessus ! Mais la mobilisation doit continuer, en outre dans toutes les instances politiques, pour qu’enfin un vrai soutien à la filière bio soit assumé et serti d’actions concrètes. Le rapport 2024 de la Cour des comptes européenne sur l’agriculture bio le confirme : des lacunes et des incohérences compromettent le succès de la politique menée pour développer la bio ! Alors, courage à tous, en gardant l’espoir que les efforts finissent par payer.
Frédérique Rose