Vinomed : développer son marché export

Le 26/10/2023 à 8:00

Après deux éditions à Montpellier, le salon Vinomed se déplace, les 16 et 17 octobre, à Toulouse, capitale européenne du vin 2023. Un salon à taille humaine, offrant à ses exposants – dont la majorité est en bio – une nouvelle formule : une convention d’affaires avec des rendez-vous ciblés et programmés avec des importateurs. Retour sur ce rendez-vous valorisant les vins méditerranéens et du Sud-Ouest.

« Créer un évènement à taille humaine, et en région, près des lieux de production : voilà l’identité de Vinomed » , présente Bruno Coffinières, directeur associé d’Agence Ways et co-fondateur de Vinomed avec Olivier Darras et Minh-Tri Phan, directeurs associés de Break Events Group. « Nous mettons en avant des producteurs de la région Paca, du Languedoc, du Roussillon, du Sud-Ouest et de l’Espagne. » Pour l’édition 2023, le salon déménage de Montpellier vers Toulouse. Il est soutenu financièrement par la Région Occitanie. « Toulouse est un bassin commercial intéressant, et une ville dotée de toutes les infrastructures d’accueil et de transport , énoncent les organisateurs. Et puis, les évènements professionnels viticoles y sont rares ! »

Minh-Tri Phan, de Break Events Group, Bruno Coffinières, d’Agence Ways et Olivier Darras de Break Events Group, organisateurs de Vinomed. (© Frédérique Rose)

40 importateurs issus de 25 pays

Doté d’une grande expérience dans l’organisation de salons et de conventions d’affaires dans le secteur vins et spiritueux à l’international, Break Events Group réussit à mobiliser de nombreux importateurs. Pour cette édition de Vinomed, on en compte 40, issus de 25 pays : Albanie, Allemagne, Autriche, Belgique, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, Danemark, Estonie, États-Unis, Grande-Bretagne, Hong-Kong, Inde, Italie, Lettonie, Lituanie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Roumanie, Suède, Suisse, Taïwan. « En amont du salon, les vignerons présentent leur production et les importateurs décrivent leurs besoins. Grâce à une application faisant correspondre offre et demande, nous réalisons des plannings de rendez-vous ciblés, qui sont ensuite validés par les deux parties. » Ainsi, pendant le salon, chaque exposant dispose d’un planning optimisé de 10-15 rendez-vous de 40 minutes avec un importateur. En fin de journée, le salon s’ouvre à un visitorat libre de professionnels : cavistes, restaurateurs, etc.

Quasi tous avec des références de vins bio

Côté exposants, on compte 33 domaines. « C’est une première dans cette ville et avec ce format. Nous pouvons monter jusqu’à une centaine de vignerons, et autant d’importateurs. » Et point notable, 28 exposants ont au moins une référence en bio. Habitués des manifestations organisées par Break Events Group, Dominique et Pierre-Henry Laugier, du Château Turcan dans le Vaucluse, exposent pour la première fois à Vinomed. « Nous sommes allés à Séoul, Miami, au Canada, et à Singapour la semaine prochaine. Notre objectif est de développer le grand export » , expriment-ils. Avec 15 ha de vignes dans le Luberon, le domaine en dernière année de conversion exporte entre 5 à 10 % de sa production. « Il faut avoir trois pieds : un marché en France, un en Europe et un en grand export. » Ils rencontrent des importateurs de Corée, du Japon, Canada, Europe de l’Est. « Malgré tous les salons internationaux que nous avons faits, rien ne s’est concrétisé pour le moment » , exprime Dominique Laugier. «  Cela vient peut-être du fait que nos appellations ne sont pas assez porteuses » , rajoute son fils Pierre-Henry. « Mais il paraît que pour l’export, il faut se voir au moins 3-4 fois avant de signer ! »

Dominique et Pierre-Henry Laugier, du Château Turcan dans le Luberon. (© Frédérique Rose)

Trouver de nouveaux marchés

Véronique Monbouché est viticultrice à Pomponne en Dordogne, au Château Ladesvignes (60 ha en bio en AOC Bergerac et Monbazillac). Vinomed est aussi une première pour elle. « Nous aimerions valoriser une partie de notre vrac en bouteilles. Même si, comparé à certains collègues, nous arrivons à le vendre encore pas trop mal. » Ayant perdu certains marchés export, la viticultrice recherche d’autres contacts en Europe , « ou pourquoi pas plus loin ». Elle rencontre des acheteurs d’Asie, du Pacifique, du Canada, de l’Europe. « J’apprécie cette formule de rendez-vous d’affaires. Je sais que ceux que j’ai en face sont intéressés par mon vin et ne viennent pas me voir au hasard. Et j’aime bien ce format à taille humaine. » Suite à ces rendez-vous, elle reçoit de bons retours à la dégustation et se sent assez bien placée niveau prix. Maintenant il faut relancer. « J’ai appris aussi que certains pays appréciaient de voir un macaron d’une médaille sur une bouteille. Mais aussi que parfois, comme à Taïwan, ils ne veulent pas le logo bio sur la bouteille pour éviter les papiers et les taxes à la douane. »

Véronique Monbouché, viticultrice à Pomponne en Dordogne. (© Frédérique Rose)

Des rendez-vous qualitatifs

Erwan Petrus est responsable du marché français aux Domaines Auriol, producteur, vinificateur et négociant spécialisé en vins bio et basé à Lézignan-Corbières dans l’Aude. « C’est notre seconde participation à Vinomed. Nous sommes exposants pour rechercher des contacts sur des marchés où nous n’avons pas de représentants, notamment en Europe de l’Est. » Selon lui, ce sont des marchés émergents, où la sensibilité au vin augmente, comme le pouvoir d’achat. « Ce sont ces mouvements de populations qui nous font revoir nos façons de vendre. Nous ne pouvons pas nous cantonner à vendre à des élites françaises. Ces marchés, comme le Benelux ou la Scandinavie, sont plus à l’aise sur une approche décomplexée du vin. Nous devons y répondre. » Ce que met en œuvre le domaine avec des vins moins forts en alcool, avec des packaging plus légers, etc. Erwan Petrus estime ces rendez-vous d’affaires très qualitatifs. « Même si, dans 80 % des cas, j’ai ressenti une offre de prix nivelée par le bas. Mais des pays comme la Roumanie, l’Estonie, la Lituanie m’ont fait comprendre que le prix n’était pas leur préoccupation. » Ces derniers seraient prioritairement en recherche, du plaisir à la dégustation, et ce, sans apriori sur l’appellation ou le cépage. « J’ai un carignan qui fait l’unanimité, alors que c’est le parent pauvre du Languedoc ! » Dans les améliorations du salon, Erwan Petrus pointe le besoin d’enrichir le nombre d’exposants et d’importateurs. « Tout comme trouver une salle plus sympa qu’un centre de congrès. Et mobiliser davantage les professionnels régionaux serait un plus. »

Erwan Petrus, responsable du marché français aux Domaines Auriol. (© Frédérique Rose)

Un salon où l’on est vu

Pauline Nadal s’occupe de la production du vin et des ventes au Château Nadal Hainaut, 43 ha en bio, dans les Pyrénées-Orientales. « Nous avons encore 40 % de notre production vendue en vrac. Mais le marché est extrêmement tendu. Alors qu’on le vendait 350 €/hL en côtes du Roussillon Villages, on nous en offre maintenant 90 à 100 € maximum » , déclare la vigneronne. Si les vins sont déjà envoyés dans 16 pays différents, le domaine veut étoffer son réseau. « J’ai décidé d’arrêter Wine Paris, salon que je n’ai jamais réussi à rentabiliser. En tant que vignerons indépendants, nous sommes noyés dans la masse. Je continue Millésime Bio, même si le visitorat se dit de plus en plus perdu parmi le nombre d’exposants qui croît chaque année. Mais c’est un salon que je rentabilise. » Vinomed est donc plus adapté. « C’est beaucoup plus qualitatif. On ne passe pas notre temps à attendre, au contraire nous avons un bon ratio de rendez-vous. Et les personnes qui se déplacent sont intéressées et professionnelles. En outre il y a une bonne répartition d’appellations différentes. » Pauline Nadal rencontre notamment des importateurs du Canada, de la Scandinavie. « Ils nous disent clairement qu’ils ne cherchent que du vin bio. C’est plus compliqué avec le Brésil, qui ne veut pas de logo bio pour s’affranchir des énormes frais d’importations. » Pour l’édition 2024 de Vinomed, le format convention d’affaires est retenu par les organisateurs. « Mais le lieu, Toulouse ou Montpellier, est encore à définir ! »

 

Frédérique Rose

 


Un salon à venir en Corée du Sud

Les 31 octobre et 1er  novembre 2024, Break Events Group organise un salon professionnel viticole à Daejeon, en Corée du Sud, destinés aux vignerons du monde entier dotés d’un label environnemental : HVE, bio, biodynamie.