Ça y est, c'est la dernière ligne droite avec les vendanges au domaine de Roquenégade. Le compte à rebours a commencé. Les préparatifs vont donc s'enchaîner pour être dans les starting block au moment du coup d'envoi.
D'abord, clôturer pour les sangliers
Samedi 22 juillet, nous avons pu constater la véraison des premiers grains de merlot. On reste sur la même tendance que 2022 puisque le début de véraison s'est produit autour du 20 juillet. Le début des vendanges devrait avoir lieu entre le 25 et le 31 août . La priorité numéro un est la pose de clôtures contre les sangliers qui sont une réelle problématique pour nous à cette période. Notre domaine est entouré de bois et de garrigues. Les sangliers y prolifèrent sans difficulté. Avec une sécheresse comme celle qui se profile cette année, nous risquons d'avoir une grosse pression sur la récolte 2023. Tous les points d'eau autour du domaine sont à sec depuis plus d'un mois. Les sangliers vont donc aller chercher l'eau là où elle se trouve, dans les raisins . Jusqu'ici, ces derniers étaient trop acides pour être appétants mais avec la transformation des sucres, la donne va rapidement changer. L'année dernière, nous avons subi les premières attaques dès la première semaine de véraison et les dégâts ont été conséquents puisque nous avons perdu quasiment un hectare de récolte.
La pose des clôtures sur l'ensemble du domaine s'étend sur une bonne semaine, il ne faut donc pas s'y prendre trop tard.
Vérification du matériel
Le mois de juillet est aussi le temps des dernières révisions et réparations. Chaque année nous faisons réviser notre vieux pressoir Vaslin. C'est un outil clé sur le domaine pour les vinifications et les pièces de rechange se font de plus en plus rares puisque leur production a été arrêtée. Nous nous attachons à y prendre soin. C'est aussi le moment pour nous de tester tout le matériel de cave qui n'a pas été très actif ces derniers mois, pompes, égrappoir, groupe froid, etc. En se laissant ainsi un mois de délais, nous nous donnons un peu de temps pour faire d'éventuelles réparations ou optimisations.
Optimiser le transport du raisin
Cette année nous allons chercher à améliorer la partie transport de la vendange et plus particulièrement la gestion des cagettes. En effet, nous vendangeons dans des petites cagettes ajourées qui prennent une douzaine de kilos de raisin. Nous en possédions jusqu'à présent 80. Mais cette année, nous doublons le nombre pour qu'il y ait une rotation sans interruption et sans que nous soyons obligés d'utiliser de vieilles comportes de 70 litres. L'idée avec 160 caissettes, c'est d'en avoir un tiers à la parcelle, un tiers à la table de tri et un tiers au lavage. Nous voulons les laver systématiquement entre chaque chargement. Les précédentes années, nous passions entre 1h et 3h pour brosser chaque cagette en fin de journée afin d'enlever la terre ou les sucres collés. En les nettoyant tant que les salissures sont fraîches, nous devrions y passer moins de temps mais aussi consommer moins d'eau. Pour cela, nous avons missionné mon père qui est un bon bricoleur afin de fabriquer un système de nettoyage utilisant deux plateaux rotatifs équipés de buses pressions. Les cagettes seront glissées entre ces deux plateaux et devraient ressortir normalement propres de l'autre côté. Le tout est placé dans un cubitainer afin de fonctionner en circuit fermé et de limiter la consommation en eau.
Adieu les seaux !
Nous avons aussi travaillé sur l'utilisation des cagettes à la parcelle. Les précédentes années, nous vendangions dans des seaux. Une fois ces derniers remplis, nous allions les vider dans ces fameuses cagettes disposées un peu tout au long des rangs. Cette année, nous avons fait fabriquer (une nouvelle fois par mon père) des traîneaux pouvant porter 5 ou 6 cagettes vides. Le but sera que chaque vendangeur ne porte plus de seau, mais soit équipé d'un chariot avec 6 cagettes vides. Il démarre depuis le haut du rang en déposant directement les raisins dans la première caissette et en traînant le chariot avec lui. Une fois la première cagette pleine, il la dépose au sol et démarre le remplissage de la suivante. Ainsi nous devrions gagner un peu de temps, car il n’y aura plus besoin de se déplacer pour aller vider les seaux. Et ces derniers n’étant plus utilisés, ils n’auront pas à être lavés.
Derniers travaux à la vigne
En parallèle de ces premiers préparatifs, nous continuons les travaux à la vigne. Maintenant, nos interventions ont pour but de faciliter les vendanges. La débroussailleuse sera passée sous les rangs où les lames interceps n'ont pas été efficaces. Nous allons faire un dernier rognage manuel pour favoriser une bonne circulation dans les rangs et nous passerons une nouvelle fois le broyeur si la végétation dans l'inter-rang a eu un regain de vigueur. Les travaux dans les vignes ne vont dorénavant plus se limiter qu'à ces quelques tâches. Maintenant le gros du travail va être la préparation de la cave mais nous verrons ça dans la prochaine newsletter.
Alexis Gaudin et Émilie Gal
© A. Gaudin
Le partage d'Émilie et Alexis : réflexion sur l'enherbement
Cette année encore nous sommes restés en enherbement spontané et sans travail du sol en inter-rang. Avec les pluies de juin, la vigne s'est très bien comportée avec un beau feuillage, une belle sortie de raisin bien que nous ayons observé un peu de coulure sur les cépages sensibles. Mais depuis mi-juin, la pluie se fait absente et les raisins ont un peu de mal à prendre en volume sur des cépages comme le merlot ou le cabernet sauvignon. Si l'état hydrique ne s'améliore pas, nous risquons d'avoir des raisins très concentrés et nous aurons du mal à trouver un bon équilibre sur cette partie de la vendange. Nous maintenons qu’agir pour l'amélioration de la vie des sols, via notamment l'enherbement, sera bénéfique pour la pérennité de nos vignes. Mais sur des millésimes comme celui qui se profile, nous constatons que la vigne peut rapidement pâtir d'une concurrence. Nous avons encore à travailler et à adapter nos pratiques pour que nos résultats à moyen et long terme s'améliorent.