Même si les conversions ralentissent en 2022 (-48 % en C1 vs 2021), les surfaces de vignes bio continuent d’augmenter, et atteignent 170 806 ha, soit 5 % de plus qu’en 2021. On compte 11 952 vignerons bio (+4,7 % vs 2021). Dorénavant 21 % du vignoble français est cultivé en bio, dont un tiers en conversion. Et avec un marché total d’1,5 M€, les ventes de vins bio progressent de 6 %.
En direct du Château de L’Hospital, domaine viticole bio en Gironde, l’Agence Bio met la viticulture bio à l’honneur lors de sa conférence de presse annuelle, le 1 er juin. La filière viticole se distingue des autres productions bio : elle est la seule dont les ventes continuent d’augmenter en 2022. « Et c’est une des seules filières bio exportatrices , décrit Laure Verdeau directrice de l’Agence Bio. L’export représente en effet 39 % des ventes de vins bio et ces dernières sont en augmentation de 2 % par rapport à 2021. » Sur le marché intérieur, seules les ventes en GMS et en magasins spécialisés bio diminuent en 2022, de -7 %. On note 12 % d’augmentation des ventes en restauration, 8 % chez les cavistes et 5 % en vente directe. L’importation de vins bio, principalement d’Espagne et d’Italie, reste minime et représente 0,3 % du marché.
Ventes de vins bio par circuit en 2022
Le vin, porte d’entrée pour la bio dans les restaurants
« La part de produits bio dans les restaurants est de 1 % , indique Laure Verdeau. Et c’est principalement du vin. Le vin bio est la clé d’entrée pour introduire le bio dans ce débouché ! C’est souvent là que ce mode de production est le mieux expliqué, notamment par les sommeliers. » Pour la directrice de l’Agence Bio, la conciliation entre bio et bon est d’ailleurs bien démontrée par le vin. « On se rappelle l’étude de Kedge business school de Bordeaux et de l’Université de Californie publiée en 2021, montrant que les vins certifiés bio sont en moyenne mieux notés - de 6,2 % de plus - que les vins conventionnels. » Laure Verdeau encourage aussi les vignerons bio à revendiquer leur mode de production. « Certains domaines, dont des grands crus, n’affichent pas forcément qu’ils sont en bio, et cela est dommage, car on peut être fiers d’être à la fois délicieux et vertueux d’un point de vue environnemental ! »
Des surfaces en légère augmentation
En 2022, la surface de vignes conduites en bio s’élève à 170 806 ha, soit une croissance de 5 % comparée à 2021. 110 320 ha sont certifiés bio et moins de 13 000 ha sont nouvellement engagés (-48 % vs 2021). Sur les 11 952 vignerons cultivant en bio, 811 commencent leur conversion en 2022.
Même liste de départements meneurs
Depuis plusieurs années, le top 10 des départements viticoles les plus bio reste le même : avec la Gironde loin devant, talonnée par le Gard, l’Hérault et le Vaucluse. Ces quatre départements rassemblent 45 % des vignes bio françaises. Et le Vaucluse, avec +6,4 % de domaines nouvellement engagés en bio en 2022 est un des plus dynamiques dans les conversions.
Côté régions, le trio du sud, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et Paca, continue de centraliser 75 % du vignoble bio français. Sachant que l’Occitanie à elle seule concentre 35 % des vignes bio. Mais en regardant la part de bio dans le vignoble régional, la Corse est en tête avec 35,3 %, puis vient Paca (34,2 %), Centre-Val de Loire (29,5 %), Aura (24,4 %), Occitanie (22,1 %), Bourgogne Franche-Comté (21,9 %), Pays de la Loire (20 %), Grand Est (17,4 %), Nouvelle-Aquitaine (15 %) et Hauts-de-France (9,6 %).
Focus en Nouvelle-Aquitaine
De 2016 à 2022, la part de bio dans le vignoble de Nouvelle-Aquitaine passe de 5 à 15 %, et représente 35 706 ha (dont 47 % en conversion) sur 2 036 domaines. « Cela donne une idée de la grande évolution de la filière, présente Gwénaëlle Le Guillou, directrice des Vignerons Bio Nouvelle-Aquitaine. Sachant que l’on observe des disparités selon les vignobles du territoire. » En effet, en Gironde, département français avec le plus de surfaces en vignes bio (27 242 ha), 23 % du vignoble est conduit en bio. En Dordogne, on est à plus de 30 %, et au-delà de 40 % sur l’appellation Irouléguy. « On trouve des vins bio dans toutes les couleurs, toutes les appellations, anciennes ou nouvelles, dans les vins sans indication géographique. Et aussi auprès de certains grands crus classés : Latour, Yquem, Angelus. Il y en a donc pour tous les goûts ! Et pour tous les consommateurs. »
Une chance à saisir !
Gwénaëlle Le Guillou rappelle aussi que le consommateur de vin bio est d’abord un amateur de vin. « C’est un atout pour nous, car nous faisons partie de la famille vin, nous pouvons utiliser les mêmes éléments de communication, en parlant à un consommateur éclairé qui va comprendre qu’on lui fournit un vin, avec une promesse supplémentaire : celui du respect de l’environnement, de la biodiversité et de l’humain. » Quant à l’augmentation des volumes de vins, la directrice rappelle que son syndicat a toujours vu cela comme une chance. « Nous avons enfin l’opportunité d’avoir les volumes pour fournir le circuit de la grande distribution. Et ce, notamment via le négoce de Bordeaux qui pourrait commencer à créer des marques de Bordeaux bio. Mouton Cadet propose déjà une gamme bio, c’est un premier exemple. »
Transformation des circuits en bio
Grâce à un observatoire statistique très fin existant sur la région, Gwenaëlle Le Guillou affirme que les volumes à venir sur le marché sont issus, pour la plupart, d’exploitations familiales, de moins de 20 ha en moyenne, et produisant principalement de la bouteille. « Ce qui va transformer les circuits existants en circuits bio. Le nouveau vigneron bio gardera ses débouchés, mais au lieu de vendre un vin conventionnel, il y vendra un vin bio. » L’occasion est donnée aussi de rappeler le projet de communication envisagée par les interprofessions viticoles bio. « Nous serons peut-être la première région de France à mettre en place une vraie campagne de communication, collective, sur les vins biologiques. »
Frédérique Rose
Pour approfondir :
Sur le site de l’Agence Bio : tous les chiffres sont à retrouver ici
Et le dossier des chiffres 2022 : ici