Maîtriser l’enherbement très poussant est la priorité actuelle d’Olivier Renard. L’observation de la flore présente dans les vignes révèle un sol plutôt en bonne santé et une belle diversité. L’heure est aussi aux traitements…
ÇA POUSSE...
La fenêtre est étroite, et nous sommes en plein dedans : il faut absolument maîtriser ce cher enherbement pour que la vigne passe la fleur dans les meilleures conditions possibles. Après, l’enjeu sera un peu moindre… Les pluies exceptionnellement abondantes du mois de mai ont bien encouragé la végétation, alors que les vignes touchées par le gel sont très en retard (quelques feuilles étalées à peine sur certaines parcelles, alors que sur d’autres les grappes sont bien sorties).
À chaque parcelle, une approche différente. Sur les Micouds (Morgon, au pied de la Côte du Py), je récupère tardivement une parcelle très – trop - enherbée, au point de s’étouffer : rotofil, griffes, décavaillonneur et pioche. Je fais table rase pour que la vigne reprenne vie. Pour le rendement, on verra l’année prochaine. Cette année, elle subit encore les outrages de 2020. Sur mes autres Morgon, un petit coup de rotofil et de griffe devrait suffire, sachant qu’après le gel, je n’en attends plus grand-chose.
Mes Beaujolais Villages qui avaient été buttées à l’automne commencent à être envahies, une remise à plat suffira. Le tout, bien entendu toujours au cheval, donc ça ne se fera pas dans la semaine… Je pense sérieusement à me procurer un bon intercep qui ne mutilera pas trop mes vieilles vignes, celui que j’ai ne fait pas l’affaire.
> À relire : Article Vitisbio « Gestion de l’herbe : anticiper et trouver le compromis »
BIODIVERSITÉ DES PARCELLES
J’ai passé quelques heures dans les vignes avec un ami, Romain des Grottes, vigneron mais aussi formateur naturaliste.
Le bilan est plutôt positif : un bon équilibre floristique révélant un sol plutôt en bonne santé, une belle diversité : achillée millefeuille, porcelle glabre, luzerne, vesce, véronique, érodium, lamier pourpre, graminées, gaillet, mouron, séneçon, saxifrage, bec de grue, brome stérile, euphorbe, ciboulette, myosotis, genet, piloselle, chardons, séneçon, Artemisia vulgaris, viola tricolore, fraisier des bois, grande et petite oseille, sanguisorbe, pimprenelle, millepertuis… Voilà tout ce que le glyphosate emporte avec lui…
Une lecture goethéenne (biodynamique, botanique de la métamorphose, du geste) permet de relier la flore au sol, peut-être plus subtilement qu’une analyse stricte, simple taxonomie ou étude des plantes bio-indicatrices, passant potentiellement à côté de certaines plantes ou interactions.
Plus d'une trentaine d'espèces floristiques sont répertoriées dans les vignes.
TRAITEMENTS ET SOUTIEN À LA VIGNE
La question du moment, c’est « mildiou ou oïdium » ? La sanction devrait tomber dans quelques jours. Avec ces pluies et ce temps plutôt froid, on peut penser à l’oïdium, mais les petites périodes plus ensoleillées font aussi craindre le mildiou. Pour ma part, je ne m’inquiète pas trop avec ma sortie de feuilles tardive, mais je ne suis pas à l’abri d’une mauvaise surprise.
La flavescence dorée est de sortie : une lutte collective nous est imposée, sans grande subtilité comme d’habitude. Pouvons-nous vraiment nous en plaindre, alors que nous devrions prendre ce dossier à bras-le-corps pour une lutte préventive efficace ? Le Mâconnais organise des repérages systématiques collectivement, il faudrait que nous le fassions également…
Un ciblage moins large semble aussi une évidence, mais aller contre le système actuel demande beaucoup d’énergie de la part des vignerons, le printemps ne s’y prête pas… Dès que possible, je passerai une 501 (silice) pour soutenir mon feuillage, mais aussi du soufre de mine en engrais foliaire (5 kg/ha environ).
Olivier Renard.
LE PARTAGE D'OLIVIER :
Les 40 ans de l'école de Beaujeu : c'est parti !
Premiers pas de notre stagiaire Lucile, qui va prendre un petit mois pour nous appuyer dans notre réflexion sur l’organisation d’un anniversaire… en 2023. Cela fera en effet exactement 40 années depuis la création de la première école d’agrobiologie (ou biodynamie) en France, à Beaujeu, en Beaujolais. Une école atypique, pionnière, par laquelle sont passés de nombreux professeurs émérites et étudiants curieux et passionnés… Premières étapes : collecter des informations éparses, identifier les anciens élèves et professeurs et voir ensemble la forme que pourrait prendre cet évènement… À suivre donc…